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LA LUGE SILLIG, OBJET ATTENTATOIRE AUX BONNES MŒURS. 
Selon un texte du Baron Pierre de Coubertin
Extraits de la Revue Olympique, janv. 1908


coubertin02.jpg(…) Ce sont là de beaux sports [NDLR :Luges, toboggans, bobsleighs, skeleton] et, encore que quelques femmes s'y soient risquées, on peut les qualifier de sports virils; ils méritent fortement cette appellation. Il en va tout autrement de la luge proprement dite restée amusement d'enfant et devenue amusement de grandes personnes. Ce sont, avons-nous dit, les Anglais qui ont accompli cette transformation. Les dames anglaises surtout y ont contribué avec l'ardeur la plus grande. Et elles ont contribué aussi, qu'on nous permette de le dire comme nous le pensons, à organiser dans la Suisse hivernale le spectacle le plus inesthétique que des yeux humains puissent contempler, spectacle devant lequel nos glorieux ancêtres les athlètes grecs se pâmeraient assurément d'indignation. La luge est déjà en elle-même un objet assez laid, un tabouret, en somme, aux formes disgracieuses. La position qu'elle impose à celui qui s'y assied n'est pas plus heureuse. On doit tenir les jambes écartées, les pieds un peu en l'air, le corps plus ou moins renversé en arrière. Voir une dame, les jupes relevées, glisser dans cette position raclant ordinairement la piste avec deux petits bâtons pointus qu'elle tient en mains et qui l'aident à se diriger constitue une véritable souffrance pour le regard. Rien de plus laid ne saurait se concevoir. Cette laideur se tourne parfois en indécence, chose tout à fait extraordinaire de la part d'un peuple aussi attentif à l'honnêteté des apparences que le peuple britannique. Très fréquemment un jeune homme et une jeune fille accouplent l'une derrière l'autre leurs luges (surtout des luges Sillig). Le jeune homme se place à plat ventre sur la première; la jeune fille s'assied sur la seconde. Elle allonge ses jambes sur les... cuisses de l'homme dont elle tient les pieds dans ses propres mains. C'est amusant, soit, car les luges ne sont reliées que par la machine humaine articulée qu'elles portent; mais franchement, il est difficile de rien imaginer de moins convenable. (…)

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Édité le 12.08.2012

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