Extrait des chroniques de Henri Venel
fondateur à Orbe de l'institution de l'Hôpital puis à Genève l'institution de Champel.
Cette chronique est très intéressante puisqu'elle relate les premiers éléments de l'activité de Frédéric Edouard Sillig à son arrivée en Suisse. Hormis les retraits de début de paragraphe, l'otthographe (y compris les fautes) et la ponctuation originale ont été strictement maintenues.
FOS
INSTITUTION DE L'HÔPITAL
4ème. phase. 1831 - 1832. (au 8 juin)
Sillig nous reste ! C'est sous ce favorable auspice que 1831 s'est ouvert. C'est cette année que je dois prendre une nouvelle résolution; car le bail de location se termine le 30 juin 1832. Resterons-nous à Orbe ? Irons-nous à Lausanne ? à Genève ? Quelle perplexité. Continuerai-je ou discontinuerai-je cette carrière pédagogique ? Jusqu'à maintenant nous avions instruit une centaine d'élèves. Est-il temps de s'arrêter ? De se reposer? Ah bien oui ! Se reposer? Est-ce qu'on se repose en ce monde ? Est-ce bien un repos, après tant d'activité d'esprit et de pratique de vie, que de ne plus rien faire du tout ?
De concert avec mon excellente compagne. nous décidons; que nous travaillerons encore et que nous ne sortirons pas de la carrière pédagogique.
Le 25 mars c'est la communion d'Henri Miéville. Le 30 mars Guignard nous conduit à Genève. Le 31 mars Antoinette est reçue à la Communion dans l'Église de St. Pierre. Le 1er avril, nous assistons au concert spirituel de la Madeleine.
Le 2 avril, cousine Caroline Wagneux visite la campagne Pictet. Nous nous rendons chez Mr. Humbert.
3 avril, jour de Pâques, 1ère communion d'Antoinette. (Par le pasteur Golaz). Le 4 retour à Orbe avec Antoinette.
Le 17 février. ma bonne seconde mère tombe malade. Son agonie durera jusqu'au 29 avril 1831.
Il est piquant de constater que et est au moment où nous prenons la décision de quitter Orbe que l'Abbaye m'est rendue toute entière.
En avril et mai, tractations en vue de l'achat de Champel. Le 13 avril, une réponse de Mr. Henry, concernant les négociations avec Louis Pictet. Pais une seconde réponse Henry. Je suis invité par Mr. Louis Pictet à venir, le 10 mai, voir Champel. Pendant ce temps j'envoie Jeans et Routh, en ambassade. à Prangins. Ils ont à t'aire avec Mr. Viollier, Mais ce n'est que pour une location; or je tiens à être propriétaire.
Pendant mes tractations, le 29 mai, les élèves font une course à BauImes et aux Aiguilles de Baulmes, d'où ils ont une vue magnifique. Le 5 juin ils vont à Vallorbe.
Le 20 juin je propose le prix de L. 150.000.-. Le 1er. juillet Sillig se rend en Saxe; Le 12 juillet nous apprends la mort de la jeune demoiselle Fotherzill, à Montcherand.
Le 30 juillet je suis à Yverdon, pour obtenir des fonds de la Caisse d'épargne et le 4 août à Genève, avec Buess, pour un emprunt.
Enfin le 5 août 1831, je passe l'acte d'achat de Champel, par devant le notaire Janot, à. Genève. Le sort en est jeté. C'est Champel. Il en a fallu de la résolution pour se jeter dans une pareille entreprise..
Du 10 au 25 août, 8ème. voyage en Suisse. Yverdon, Payerne, Berne, Langnau, Lucerne, Küssnacht, Immensee, Arth, Zug, Einsiedeln, Miethen, Righi. Weggis, par le lac à Brunnen, Grütli, Chapelle de Tell, Altorf, Wasen (St. Gothard), Unseren, Hospenthal, Réalp, Passage de la Furka, Glacier du Rhône, Grimsel, Meiringen, Brientz, Giesbach, en bâteau à Thûn, Berne, Fribourg, Orbe.
En octobre, novembre, décembre, je dus me rendre plusieurs fois à Genève pour régler des affaires financières et surtout pour surveiller le commencement des travaux de la nouvelle bâtisse, qui devait être terminée pour notre entrée à Champel.
Nous passâmes notre dernier Noël à Orbe, en famille et le 1er. janvier 1832 nous avons été mis en possession de la Propriété de Champel. Le 22 avril c'était notre dernier Pâques à Orbe.
La fin de notre séjour à Orbe fut d'une pâleur extrême. On comprendra pourquoi. Nous établir à Genève et non dans le Canton de Vaud.., si beau, était tout ensemble un grand sacrifice à la raison et peut-être une imprudence. J'étais épouvanté de ma témérité et pourtant Mr. Pictet m'encourageait vivement à la chose; de même que quelques autres amis moins intéressés.
Cette bonne petite ville d'Orbe qui fut notre berceau à tous, ni les uns ni les autres nous ne tenions, en fait à y rester. Nous l'aimerons infiniment plus de loin que de près et nul de nous ne pensera jamais sérieusement à y revenir.
Maintenant que c'est décidé, nous témoignons de notre empressement à partir, en allant prendre possession de notre nouveau manoir le 1er. juin déjà.
Que de voitures ! Que d'effets dans ces énormes caisses qu'il fallait charger avec soin, à Orbe, et recevoir de même à Champel Buess et nos dames à Orbe et moi à Champel. Deux caisses énormes sur un char à quatre et six chevaux !
On y montait et on y descendait par une échelle. Des canapés entiers; des fauteuils et tout un ameublement alla dans ces petites chambres roulantes. Rien de cassé, pas même le cabinet de physique.
Je partis, puis ma famille après moi, non sans verser quelques larmes; car, enfin, nous laissions ici combien de bons parents et d'amis qui nous regrettaient sincèrement.
La pauvre et délaissée petite ville allait tout perdre à la fois. Nous lui étions son salut. Mais c'était assez d'Orbe comme celà. Le bail Darbonnier était trop long (10 ans).
La volonté de Dieu avait cloué l'existence de la famille Venel à Orbe, pendant la durée d'un demi siècle.
Le grand bâtiment (1ère. bâtisse) de l'Institut de Champel commencé le 20 août 1831. Poussé et suivi sous l'inspection Pictet, pendant les mois de septembre, octobre, novembre et décembre, est terminé, dans le travail, dans les cinq premiers mois de 1832. Le 1er. juin il est prêt à recevoir les restes de I'Institut d'Orbe.
Le 3 juin je quitte Orbe pour Genève. Le 4, sous la conduite de Sillig les élèves partent pour leur dixième voyage de vacances, au Grand st. Bernard et Turin. Ils entrent à Champel le 27 juin. Ma famille me rejoint à Champel le 8 juin. Le 29 je vais encore à Orbe, pour régler mes affaires et le 30 juin 1832, je remets l'Hôpital à la Municipalité.
Édité le 12.06.2012