Le comte Athanase Walewski
Fils de Napoléon Ier et de Marie Leczinska, il naît au château de Walewice (Pologne) le 4 mai 1810. Le comte Athanase Walewski, époux de Marie et staroste de Wareck reconnaît l'enfant par patriotisme et par souci de préserver les apparences. Néanmoins dès le 5 mai 1812 l'Empereur confère à Alexandre le titre de comte et constitue en sa faveur un majorat destiné à le mettre à l'abri du besoin. Après annulation de son mariage, Marie vient vivre avec son fils à Paris puis épouse en 1816 le comte Alexandre d'Ornano. De cette seconde union naît Rodolphe d'Ornano. En décembre 1817, Alexandre perd sa mère. Un oncle qui a servi comme lieutenant-colonel dans les armées impériales devient son tuteur. Successivement élève des Jésuites de Varsovie, d'une institution genevoise puis de l'Université de Varsovie, le jeune comte est soumis à une étroite surveillance par l'occupant russe. En 1827, il parvient à tromper la vigilance de la police et vient s'installer en France. Si le gouvernement Villèle est fort embarassé par le fils de "l'usurpateur", il a le courage de refuser son extradition. Alexandre fréquente avec assiduité les salons. En 1828, il est l'un des premiers adhérents du Cercle de l'Union. En décembre 1830, il est chargé par Sébastiani, ministre des Affaires étrangères de Louis-Philippe d'une mission secrète auprès des insurgés polonais. Arrêté en Prusse, il parvient à s'échapper et s'acquitte de sa tâche. Il s'engage ensuite dans l'armée polonaise et ne tarde pas à être nommé capitaine et aide de camp du généralissime. Il reçoit la croix d'officier de l'ordre militaire de Pologne sur le champ de bataille de Grochow. Le gouvernement insurrectionnel l'envoie en mission en Angleterre. Après l'échec du soulèvement, Alexandre est de retour à Paris en 1832. Membre-fondateur du Jockey-Club en 1832, il joue beaucoup et monte fréquemment dans les steeple-chases. En août 1833, il entre au service de la France avec confirmation de son grade de capitaine et obtient la nationalité française en décembre. Il part pour l'Algérie, accomplit une mission auprès d'Abd-el-Kader et dirige pendant quelque temps le bureau des affaires arabes à Oran. Il est placé en inactivité en novembre 1837 puis finit par démissionner de l'armée en février 1841. Il s'essaie comme auteur dramatique mais sa pièce L'Ecole du monde ou la coquette sans le savoir jouée au Théatre-Français en janvier 1840 n'obtient pas beaucoup de succès. Il se lance également en politique. Il achète le Messager des Chambres et publie quelques brochures.
Devenu l'ami de Thiers, il s'oriente finalement sous son influence vers la diplomatie. Il accomplit quelques missions, en particulier auprès de Méhémet Ali avant d'être nommé ministre de France à Florence en mars 1846. Il est envoyé à la légation de Buenos-Aires en février 1847 e treste à ce poste jusqu'en septembre. La révolution de 1848 éclate alors qu'il vient d'être désigné comme ministre de France à Copenhague. Il ne peut finalement occuper ce poste. Il doit attendre l'accession à la présidence de la République de Louis Napoléon Bonaparte qu'il a rencontré à Londres dès 1831 pour se voir proposer un nouvel emploi. Il est envoyé à Florence en janvier 1849. Il passe à Naples en avril 1850 puis à Londres en juin 1851. Dans ce dernier poste, il fait merveille. Il obtient la reconnaissance de l'Empire par le gouvernement anglais et contribue beaucoup au rapprochement des deux monarchies. Celui-ci trouve sa concrétisation dans la participation commune à la guerre d'Orient et dans les visites de Napoléon III à Londres puis de Victoria à Paris en 1855. Le 26 avril de cette même année, Walewski est nommé sénateur. Il devient ministre des Affaires étrangères le 6 mai suivant. Il préside en cette qualité le Congrès de Paris qui met fin à la guerre de Crimée et signe le traité du 30 mars 1856. Il se montre par la suite très favorable aux intérêts catholiques. La politique de Napoléon III en Italie rend vite sa position intenable et il quitte le ministère le 28 décembre 1859. Il entre au Conseil privé et ne tarde pas à retrouver un portefeuille au gouvernement. En novembre 1860, il reçoit en effet le ministère d'Etat. Parmi ses nombreuses attributions, il se distingue surtout à la tête des Beaux-Arts (début de la construction du nouvel Opéra, préparation de la loi sur la propriété artistique et littéraire, acquisition de la collection Campana par le Louvre,...). Il abandonne ses fonctions en juin 1863.
Après le décès du duc de Morny, l'Empereur songe à lui pour le fauteuil de président du Corps législatif. Comme Morny, Walewski a joué en effet un grand rôle dans toutes les mesures de libéralisation du régime depuis 1860. Il pourrait donc continuer la politique initiée par le duc. Après avoir avancé son inexpérience des luttes parlementaires et s'être fait prier, Walewski se laisse fléchir mais il faut lui trouver une circonscription. En mars 1858, l'Empereur lui a fait don du domaine des marais d'Orx dans les Landes. Le comte y a pratiqué de grands travaux de dessèchement et d'assainissement , est entré au conseil général en mai 1861 et en est devenu immédiatement le président. Même s'il n'a honoré qu'une fois de sa présence ce conseil, il devient rapidement clair que c'est dans les Landes qu'il doit se présenter à la députation. En juillet 1865, Corta, député de la deuxième circonscription de ce département accepte de céder son siège contre une place au Sénat. Walewski a une telle confiance dans l'issue du scrutin qu'il ne mène aucune campagne. "Mon nom et ma position me dispensent de profession de foi et de programme". Il préfère aller prendre les eaux en Allemagne. De fait, il est élu le 29 août sans aucune opposition. Avant même la validation de son élection, il est nommé président du Corps législatif par Napoléon III, le 1er septembre. Sa politique libérale (le Corps législatif lui doit le rétablissement de la tribune) rallie certains membres de l'opposition que l'on voit désormais dîner à l'hôtel de Lassay. En revanche, Walewski ne parvient pas à diriger fermement les débats. Au cours de la séance du 18 mars 1867, il ne peut éviter de très vifs échanges entre l'opposition menée par Favre et Thiers d'une part et Rouher d'autre part. Au plus fort du tumulte, ce dernier se tourne vers Walewski et lui lance : "Mais présidez, nom de D..., ou venez à la tribune défendre le gouvernement si vous en êtes capable." Désavoué par Napoléon III, le président démissionne le 29 mars. Lorsqu'il annonce à ses collègues : "Dans un intérêt d'union et de concorde, j'ai cru devoir renoncer à l'honneur de vous présider", une grande partie de la gauche vient lui serrer la main. Il retrouve son siège au Sénat dès le 2 avril. En février 1868, il est élu membre libre de l'Académie des Beaux-Arts. Au retour d'un voyage en Allemagne, il meurt d'une crise cardiaque, le 27 septembre 1868, dans un hôtel de Strasbourg. Ses obsèques ont lieu aux frais de la liste civile de l'Empereur et, par une cruelle ironie, Rouher tient l'un des cordons du poële. Grand-croix de la Légion d'honneur du 31 mars 1856, au lendemain de la signature du traité de Paris, le comte Walewski avait également reçu les plus hautes distinctions des principaux ordres européens.
Il s'était marié en 1831 avec lady Catherine Montague, fille du comte de Sandwich. Après le décès de sa femme en 1834, il avit entretenu une liaison de trois ans avec la tragédienne Rachel avant de se remarier en 1846 avec Marie-Anne de Ricci, apparentée aux Poniatowski. Cette seconde épouse a été la maîtresse de Napoléon III.
E. Anceau in Dictionnaire des députés du Second Empire, P.U.R., 1999. 
Édité le 12.08.2012